Les vins corses

Quand on évoque la Corse, on pense à des plages paradisiaques et les vues à couper le souffle. On pense aux polyphonies corses et évidemment aux spécialités culinaires locales.

Mais la Corse c’est aussi une terre viticole ancestrale et singulière. C’est la terre de vignerons valeureux qui perpétuent l’héritage et restent passionnés par le travail de la terre et l’amour de la vigne.  Pour découvrir ces pépites, il faut cependant se montrer curieux car les vins corses ne sont pas toujours bien connus sur le continent.

Histoire du vignoble corse

On estime que  la vigne était probablement présente à l’état sauvage en Corse. Les phocéens décident de l’exploiter en créant le vignoble d’Aléria.  Quelques siècles plus tard, les Romains prennent le relais en développant la viticulture dans toute l’île. À la chute de l’empire romain, la Corse fait l’objet d’invasions et de pillages répétés. C’est au XIe siècle après J.-C., avec l’arrivée des Pisans que la vigne reprend un rôle commercial majeur, en partie sous l’impulsion du clergé. La Corse voit sa production viticole plus que doubler entre 1788 et 1896. 2 maladies, l’oïdium puis le phylloxéra, viendront ravager la majorité du vignoble vers le milieu du XIXe siècle. La grande guerre dans laquelle de nombreux paysans corses seront mobilisés vient parachever ce déclin et près de la moitié du vignoble est abandonné.

Dans les années 60, l’arrivée des colons rapatriés d’Algérie redonnera un nouveau souffle à la viticulture locale. La culture s’industrialise, le vignoble s’étend. L’évolution de la demande vers des vins de meilleure qualité va inciter les vignerons locaux à mieux valoriser leur patrimoine viticole. De nombreux cépages autochtones sont réhabilités. L’objectif des vignerons corses à partir des années 90 est de donner une nouvelle force à leur vins en insistant sur leur singularité.

Un cadre naturel incomparable

Ce qui contribue à la singularité des vins corses c’est d’abord le climat spécifique et la diversité géologique dont jouit l’Île de Beauté. La Corse bénéficie d’un climat méditerranéen très favorable à la culture de la vigne, un ensoleillement exceptionnel ou la pluviométrie est concentrée au début du printemps. De plus, l’influence combinée de la mer et de la montagne se traduit par des températures relativement clémentes tout au long de l’année sur la zone côtière et la présence des brises marines permettent d’assainir les vignes.

Des cépages autochtones d’une richesse exceptionnelle

Quand beaucoup de régions viticoles sont cantonnées à quelques cépages que l’on trouve un peu partout dans le monde (comme le cabernet-sauvignon ou le chardonnay par exemple), les vignerons corses peuvent s’enorgueillir d’exploiter plus de trente cépages.

Ainsi, de grands vignerons insulaires ont contribué à redonner leurs lettres de noblesse à certains cépages oubliés, quitte à parfois sortir leurs vins d’un système d’AOP trop contraignant.

Parmi ces cépages identitaires, les spécialistes estiment que six d’entre eux se détachent du lot :

● Le niellucciu (“noir, sombre, dur”) :
Ce cépage rouge, présent en Corse depuis des siècles est proche du sangiovese toscan. C’est le cépage phare de la région Patrimonio et représente à lui seul 35% des vignes corses.
Le niellucciu donne naissance à des vins rouges à la robe soutenue et aux arômes de fruits rouges et noirs , qui évoluent en vieillissant vers des arômes épicés et «musqués». Ils font des vins propices au vieillissement. Vinifié en rosé, le niellucciu donne également des vins de qualité à la robe rose vif, très fruités, frais et élégants.

Le sciaccarellu (“craquant sous la dent”) :
C’est l’autre cépage rouge incontournable du vignoble insulaire, que l’on trouve plus particulièrement en Corse du Sud, notamment sur les sols granitiques de la région d’Ajaccio. Il donne naissance à des vins rouges souples, d’une grande finesse, aux arômes de petits fruits rouges, d’épices et de fleurs du maquis. Il supporte souvent très bien le vieillissement. Vinifié en rosé, le sciaccarellu donne des vins fins et très aromatiques à la robe rose claire saumon.

Le vermentinu (que l’on appelle aussi malvasia ou malvoisie de Corse) :
Ce cépage blanc méditerranéen, est connu sous le nom de «rolle» dans le sud de la France, c’est le cépage principal des vins blancs insulaires (1 150ha de vignes). Le vermentinu donne naissance à des vins blancs pâles, d’une très grande richesse aromatique avec des notes florales, une minélarité forte et une salinité qui tapisse la bouche . Ce sont des vins avec du gras, amples et puissants à l’instar des vins blancs du Clos Nicrosi.

● Le bianco gentile (ou biancu gentile) :
Ce vieux cépage blanc typiquement autochtone occupe une surface infime du vignoble insulaire. Le bianco gentile donne des vins cristallins, aux reflets pouvant aller du vert-jaune au doré lorsqu’il atteint une belle maturité. Très expressifs au nez, ils révèlent différents profils aromatiques (des touches de fruits exotiques et agrumes, parfois des notes abricotées, une bouche ample…) selon la région où il est récolté. Mais les vins issus du Bianco gentile se caractérisent généralement par une grande fraîcheur.

● L’aléatico :
Présent depuis des siècles en Corse et cultivé sur de petites superficies de la Côte Orientale, ainsi que dans les régions de Porto-Vecchio et du Cap Corse, l’aléatico donne vie à des vins de couleur vive et foncée avec de légers reflets violacés. Marqués par des arômes muscatés et floraux assez étonnants, ces vins s’avèrent puissants et bien équilibrés, avec des degrés alcooliques souvent élevés, une bonne acidité et une faible teneur en tanins.

Le barbarossa (ou barbirossa, qui veut dire “à la barbe rousse”) :
Ce cépage présent sur les appellations Sartène, Porto-Vecchio, Figari, Ajaccio et Côte Orientale figure parmi les plus nobles cépages de Corse. Il permet l’élaboration de vins blancs cristallins, parfois parsemés de reflets jaunes. Ses effluves sont très aromatiques et l’aspect floral bien prononcé. La bouche, quant à elle, est bien équilibrée.

Un vin pluriel

La pluralité des vins corses se décline selon 9 appellations d’origine protégée

  • 2 appellations de type «Cru» : l’AOP Ajaccio et l’AOP Patrimonio
  • 5 appellations de type «Villages» : l’AOP Corse Calvi, l’AOP Corse Sartène, l’AOP Corse Figari, l’AOP Corse Porto-Vecchio et l’AOP Corse Coteaux du Cap Corse
  • 1 appellation de type « Régionale » : l’AOP Corse
  • 1 appellation pour les vins doux naturels : l’AOP Muscat du Cap Corse. À ces 9 appellations, s’ajoutent les IGP de l’Île de Beauté (indication d’origine protégée), qui se déclinent en vins de cépages et en vins de Pays Primeur. La Corse produit environ 360 000 hectolitres dont 32% sont des AOP.

Quelques vins à découvrir.

  • Dans le Cap Corse : Le Clos Nicrosi, le domaine Pieretti
  • Près de Patrimonio : le domaine E Croce (d’Yves Leccia), le domaine Gentile, le Clos Teddi, le Clos Alivu, le Clos Marfisi
  • Près de Calvi : Le Clos Landry, le domaine d’Alzipratu
  • Près d’Ajaccio : Le domaine Comte Abbatucci, le domaine de Vaccelli, le domaine U Stiliccionu, le Clos d’Alzeto (près de Sagone), le Clos Capitoro
  • Près de Sartène : Le domaine Sant’Armettu, le domaine Castellu di Baricci, le domaine Fiumicicoli, le domaine Saparale
  • Près de Figari : Le Clos Canarelli
  • Près d’Aléria : Le Clos Canereccia, le Clos Fornelli

Voilà, je crois que vous savez tout ou presque sur les vins corses. Il ne reste plus qu’à les découvrir.
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